La crypte
L’origine de cette cave romane demeure particulièrement mystérieuse. De même que son usage.
Si son architecture avec ses arcs polylobés et sa succession de voûtes en ogive semblent clairement appartenir aux codes du XIIIe siècles, rien ne vient lui donner une connotation religieuse. Il existe bien une clé de voûte avec trois angelots, mais d’aucuns y verront plutôt des séraphins. Il y a donc une mystérieuse contradiction entre son appellation et son architecture.
Pour autant, on ne peut exclure totalement une origine consacrée. Le culte voué à Sainte-Catherine d’Alexandrie était particulièrement fort entre les VIe et VIIIe siècle (et surtout à partir du XIe siècle en occident, lors des croisades), et peut-être qu’une chapelle primitive qui se tenait sur ce site lui avait été dédiée. Chapelle qui fut abandonnée par la suite. L. Lemaistre, historien du XIXe siècle, se hasarde même à penser qu’elle aurait été complétement détruite dès la première invasion normande.
Les archives de la ville ne nous apportent guère d’aide sur ce sujet puisque les premières chartes traitant des différents édifices religieux tonnerrois ne nomment pas ces derniers avec précision. Il faut attendre le XVIe siècle pour qu’une source cite enfin « l’église Sainte-Catherine ».
Pourquoi alors ce site est-il accolé dans la mémoire commune à une fonction religieuse ? Peut-être parce qu’il était la propriété depuis le XIIIe siècle du chapitre Saint-Pierre, et qu’en ce temps-là, les églises avaient coutume de construire de magnifiques bâtiments de service (caves, granges, greniers…), notamment en région viticole.
La halle Daret
Au Moyen-Âge, cette immense cave est surmontée d’une boucherie se tenant au bord d’une rue qui, du coup, prend un temps le nom de rue des boucheries. Au cours des siècles, les Tonnerrois ont l’habitude de s’y rendre faire leur marché plusieurs fois par semaine. Pendant la révolution, le bâtiment est vendu comme bien national. Le nouveau propriétaire, le Sr Daret, le transforme en halle aux grains, halle qui prend alors le nom définitif de Halle Daret. En 1846, la ville achète l’édifice qui reprend son affectation originelle de boucherie, puis de halle aux légumes ; les grains étant marchandés dans une nouvelle halle, rue du grenier à sel. Au début du XXe siècle, avec la construction du marché couvert (1904), le bâtiment est mis en vente, mais ne trouve pas de repreneurs. La ville le transforme alors en logements, puis décide de procéder à sa destruction en 2003. L’emplacement de cet édifice est marqué par cette place pavée, sous laquelle se trouve toujours la cave médiévale.