Tonnerre Patrimoine
|
|
|
|
|
|
|
|
Canal de Bourgogne
Le Chantier du Canal
Même si le tracé du canal de Bourgogne est connu depuis la validation du projet Abeille (ca. 1724-1727), le chantier ne débute qu’en 1784 du côté de Migennes et de Saint-Jean-de-Losne.
Il faut même attendre 1791 pour que les ouvriers donnent leurs premiers coups de pioche dans le Tonnerrois en amont et en aval de Tonnerre (sur les tronçons Flogny-Epineuil et Commissey-Tanlay). Le chantier est interrompu en 1792 et reprend à partir de 1809 sur la commune de Tonnerre. C’est donc sous l’Empire que l’hôpital et la ville de Tonnerre sont confrontés à la cession de certaines de leurs parcelles touchées par le tracé du canal ou par le nouveau lit de la rivière. (cf. document 1)
En dédommagement de la cession de leur bien, particuliers comme institutions se voient parfois octroyer des terres issues de l’ancien lit de la rivière.
Ces échanges et détournements contre nature vont rapidement se révéler problématique car :
• Les terres situées sur l’ancien lit sont extrêmement pauvres et ne permettent pas la culture. Il y a donc tromperie pour certains paysans dont le rendement s’effondre.
• Les anciennes terres arables converties en berges sont nettoyées et décapées en profondeur à chaque crue libérant ainsi une quantité impressionnante de limon.
• Certaines parcelles se retrouvent coincées entre la rivière et le canal et deviennent difficilement accessibles à leur propriétaire, comme celle de l’Isle de Grisey. Pour permettre son accès, un premier pont (suspendu) sera construit puis remplacé par celui que l’on appelle le pont en fer (cf. document 3)
Populations mobilisées pour le chantier du canal
Les ouvriers au canal (1791-1793)
Le chantier du canal amène dans la région un nombre conséquents de travailleurs généralement étrangers au Tonnerrois qui vivent dans des camps de fortune ou chez l’habitant, comme à Dannemoine, avec l’implication des autorités locales.
Forcément, ces ouvriers au travail physique et dangereux, parfois fragiles de constitution, dénutris et vulnérables aux fièvres et épidémies, affluent en nombre et quasi quotidiennement à l’hôpital de Tonnerre.
D’après les archives hospitalières, on a une idée du parcours hiérarchique et codifié du travailleur prétendant aux soins hospitaliers : dans un premier temps, la blessure/maladie est constatée par le responsable de l’atelier local, avec l’aide ou non d’un chirurgien ou médecin, qui rédige un mot d’autorisation pour être conduit à Tonnerre. Ce même bon est avisé par l’ingénieur des Ponts et Chaussées responsable du secteur. Arrive donc à l’hôpital que le malade/blessé dont le bon a été validé par ce dernier. Une fois à destination, la religieuse responsable des entrées garde le bon, qu’elle annotera lorsque le malade quittera l’institution, soit guéri, soit mort.
Ces archives sont de formidables outils statistiques qui étaient précieusement conservés par l’hôpital en vue d’obtenir des remboursements des « journées » des ouvriers du canal. (cf. documents 2)
Les prisonniers de guerre (1809-1814)
En 1792, le chantier du canal est arrêté. Le pays est en guerre et son économie est entièrement dédiée à cette cause.
Il faut attendre l’Empire et cette nouvelle main d’œuvre que sont les prisonniers de guerre pour que les travaux reprennent.
Le 30 décembre 1808, le Commissaire de Guerre de l’Yonne, informe l’hôpital de Tonnerre de l’arrivée imminente de 2000 prisonniers de guerre espagnols à Auxerre. Ces derniers sont venus à pieds depuis l’Espagne, ou d’autres centres de rassemblement en France. Ils sont donc pour certains épuisés, dénutris, blessés ou malades. Par anticipation, il est demandé à Tonnerre de faire le point sur le nombre de lits à leur mettre à disposition.
Six mois plus tard, en juin 1909, la préfecture informe les administrateurs de l’hôpital de l’envoi à Tonnerre de 400 prisonniers espagnols, volontaires pour participer au chantier du canal et payés en conséquence au même titre qu’un ouvrier français.
En ville, il n’y a que l’Hôtel-Dieu qui peut accueillir un tel nombre de personnes. Sous la responsabilité de l’hôpital, la Grande Salle est nettoyée et préparée pour recevoir ces nouveaux hôtes. Un règlement intérieur est instauré :
• Interdiction de fumer ou d'apporter du feu dans l'église.
• Fournir aux prisonniers de la paille fraiche et la changer au moins une fois par semaine.
• Défense de déposer des ordures dans et à l'extérieur de l'église.
• Etablir des baquets d'eau qui seront vidés tous les matins.
• Laver les lieux avec l'eau et du vinaigre "afin de neutraliser le méphitisme".
• Que du vinaigre sera mis en évaporation dans toute l'église dès que les prisonniers se rendent à leur atelier "afin de prévoir les dangers qui peuvent résulter d'un rassemblement d'hommes dont la seule respiration peut putriffier l'air".
Ce travail quotidien de nettoyage et de désinfection incombe évidemment au personnel hospitalier.
A cette époque, et jusqu’en 1814, cohabitent au sein de l’intuition deux populations espagnoles interconnectées :
• La prisonniers malades/blessés hospitalisés ; ils sont dans une salle spéciale, dite « salle voûtée » un peu à l’écart des autres malades. La plupart vient du camp de Tonnerre mais aussi des camps alentours comme celui de Lézinnes
• Les prisonniers de guerre volontaires pour travailler au canal qui sont logés dans l’Hôtel-Dieu
Ces volontaires quittent tous les matins l’hôpital pour se rendre sur le chantier dont le tronçon se situe entre le lieudit Ile de Grisey et Tonnerre et reviennent le soir. Le reste du temps, ils sont libres d’aller où ils veulent.
Les ingénieurs
Les ingénieurs des Ponts-et-Chaussées responsables du chantier tonnerrois du canal logent dans une maison en bord de bief, en face de l’hôpital. Ils font autorité en ville pour tout ce qui touche au domaine de l’architecture et des Beaux-Arts.
En 1810, l’hôpital de Tonnerre sollicite l’ingénieur Foucherot pour étudier un projet de mausolée de Marguerite de Bourgogne, fondatrice de l’institution, et dont le tombeau a été détruit pendant la Révolution.
Mairie de Tonnerre
Réseaux sociaux
Lecteur Qrcode
|
|
|
|